• 9 jan 2018
  • Iran
  • Communiqué de presse

Les informations faisant état de la mort de manifestants en détention doivent donner lieu à une enquête

Les autorités iraniennes doivent immédiatement ouvrir une enquête sur les informations selon lesquelles au moins cinq personnes sont mortes en détention à la suite de la répression des manifestations contre le régime, et prendre toutes les mesures qui s’imposent pour protéger les détenus contre la torture et empêcher d'autres décès, a déclaré Amnistie internationale le mardi 9 janvier 2018.

« Il y a lieu de s’alarmer de ce secret, cette absence de transparence quant à ce qui est arrivé à ces détenus. Au lieu de conclure hâtivement à des suicides, les autorités doivent immédiatement diligenter une enquête indépendante, impartiale et transparente, dans le cadre de laquelle des autopsies indépendantes seront réalisées », a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnistie internationale.

« Nous recueillons depuis longtemps des informations sur les conditions de vie effroyables dans les centres de détention en Iran, notamment sur le recours à la torture. Les personnes soupçonnées d'être responsables de la mort de ces détenus doivent être suspendues de leurs fonctions et poursuivies dans le cadre de procédures conformes aux normes internationales d'équité, sans recours à la peine capitale. »

La mort de Sina Ghanbari, 23 ans, incarcéré dans le quartier dit de « quarantaine » de la prison d'Evin, à Téhéran, où les détenus sont placés juste après leur arrestation, renforce les inquiétudes pour l’intégrité physique de centaines de détenus. Des informations contradictoires circulent sur les circonstances de la mort de Sina Ghanbari, des militants contestant les allégations des autorités faisant état de son suicide.

Depuis lors, au moins quatre autres morts en détention ont été signalées, dont celle de deux autres personnes incarcérées dans le quartier de « quarantaine » de la prison d'Evin, selon Nasrin Sotoudeh, éminente avocate spécialiste des droits humains. L’identité de ces deux personnes est actuellement inconnue. Au moins deux autres personnes arrêtées pendant la répression ‑ Vahid Heydari et Mohsen Adeli ‑ sont mortes en détention à Arak (province de Markazi) et à Dezfoul (province du Khuzestan) ce mois-ci, selon certaines sources. Dans ces quatre cas, des militants et plusieurs membres de la famille des détenus ont remis en cause la version officielle faisant état de suicides.

De nombreux proches des centaines de personnes placées en détention ont indiqué qu’ils n’arrivaient à obtenir aucune information sur elles, et qu’ils avaient été la cible d'actes d’intimidation et de menaces de la part des autorités alors qu’ils ne faisaient que se renseigner.

« Les autorités doivent non seulement informer les membres de la famille des détenus du lieu où ils se trouvent, mais aussi permettre aux familles de rendre visite aux détenus et veiller à ce qu'ils bénéficient des services d’un avocat. Personne ne devrait faire l’objet de représailles pour avoir cherché à savoir où se trouve un être cher ou tenté de connaître la vérité sur son sort », a déclaré Magdalena Mughrabi.