• 2 mai 2024
  • Canada
  • Communiqué de presse

Amnistie internationale Canada presse les directions d’universités à respecter et protéger le droit de manifester 

Amnistie internationale Canada presse la direction de l’Université McGill et de toutes les universités à travers le pays de protéger et faciliter le droit de manifester ou de contre-manifester pacifiquement et en sécurité de tous les étudiant·e·s.  

Alors que les étudiant·e·s universitaires participent à des manifestations sur les campus dans tous le Canada pour montrer leur solidarité avec les habitant·e·s de Gaza, les directions, elles, exercent des mesures d’oppression et de répression de ces activités malgré leur caractère pacifique. Mardi 30 avril, l’Université McGill a demandé au service de police municipal (SPVM) de démonter le campement érigé par des étudiant·e·s de McGill et d’autre universités deux jours auparavant. Amnistie internationale Canada salue la décision de la Cour supérieure du Québec rendue hier, refusant la demande d’injonction déposée par deux étudiants de l’université. 

Plutôt que de demander aux policiers de réprimer cet acte de protestation, Amnistie internationale demande plutôt à l’Université McGill de faciliter et protéger le droit des étudiant·e·s à manifester.  

« Les établissements d’enseignement supérieur sont fondamentaux pour aider les étudiant·e·s à comprendre et revendiquer leurs droits humains. Toute mesure prise pour réduire au silence, harceler, menacer ou intimider les personnes qui se rassemblent pacifiquement pour protester et exprimer leur désaccord constitue une violation de leurs droits », a déclaré France-Isabelle Langlois, directrice générale d'Amnistie internationale Canada francophone. « Être étudiant·e ne signifie pas abandonner son droit de manifester aux portes de l'université. »  

Selon le droit international et la Charte des droits et libertés canadienne, les étudiant·e·s ont le droit de manifester pacifiquement dans les espaces publicsdes campus. La liberté académique est aussi au cœur du droit à l’éducation, selon Amnistie internationale. Les directions d’universités ont la responsabilité de favoriser un climat permettant l’expression de divers points de vue, tout en s’assurant que chaque étudiant·e puisse participer à la discussion. Le militantisme étudiant est un élément fondamental de cette liberté. En raison des risques réels et connus de violence policière auxquels les étudiant·e·s pourraient être confrontés, les directions ne devraient faire appel aux forces de l'ordre pour disperser les manifestations sur le campus qu'en dernier recours, par exemple en cas de violence généralisée ou d'incitation à la violence et à la discrimination.      

« Le droit de manifester est essentiel pour parler ouvertement des événements en cours actuellement à Gaza, » a ajouté Mme Langlois. « C’est d’autant plus vrai que le gouvernement canadien continue à transférer des armes et composantes à l’armée israélienne. »  

« Soyons clairs, la discrimination et l’incitation à la violence contre les communautés juives constituent des violations des droits humains, » continue Mme Langlois. « Chez Amnistie internationale, nous condamnons avec la plus grande fermeté les discours haineux et la violence. » Critiquer les actions ou des politiques du gouvernement israélien n'est pas en soi antisémite et l’argument ne doit pas être utilisé comme prétexte pour faire taire les dissident·e·s. L'antisémitisme, l'islamophobie ou le fait de prendre pour cible des individus et des communautés en raison de leur religion, de leur appartenance ethnique ou de leur nationalité, sont autant de formes de haine qui doivent être condamnées. Nous devons demander des comptes à ceux qui commettent, encouragent ou approuvent de tels abus et violences, peu importe quand et où ils sont infligés. Le droit de ne pas subir de discrimination est également un principe fondamental de la législation sur les droits humains, et les universités devraient collaborer avec les organisateurs des manifestations pour interdire l'utilisation d'un langage discriminatoire ou harcelant qui vise un groupe particulier pendant les manifestations.   

Tout au long de l'histoire, les manifestations ont permis aux individus et aux groupes d'exprimer leur désaccord, leurs opinions et leurs idées, de dénoncer les injustices et les abus et de demander des comptes à ceux qui détiennent le pouvoir. Grâce à la mobilisation collective, à la créativité et à la désobéissance, les miliant·e·s sont une épine dans le pied de ceux qui abusent de leur pouvoir. En contribuant à ébranler les dynamiques et les structures de pouvoir rigides et corrompues, la protestation a été un moyen de faire progresser les droits humains.     

« Alors que la catastrophe humanitaire à Gaza est toujours plus intense, et que l’on déplore de nouvelles pertes humaines quotidiennement, il n'est pas étonnant que tant d'étudiant·e·s soient poussés à protester », a déclaré Mme Langlois. «Nous continuons à demander au gouvernement canadien de suspendre immédiatement tous les transferts d'armes vers Israël et d'œuvrer en faveur d'un cessez-le-feu immédiat et permanent afin de protéger les civil·e·s, d'assurer un accès sans entrave à l'aide humanitaire et de faciliter la libération des otages en toute sécurité.»       

Complément d'information

 Le droit international relatif aux droits humains protège le droit de manifester par le biais d'un certain nombre de dispositions distinctes inscrites dans divers traités internationaux et régionaux qui, ensemble, offrent aux manifestant·e·s une protection complète. Même si le droit de manifester n'est pas codifié en tant que droit distinct dans les traités relatifs aux droits humains, lorsque des personnes participent à des manifestations, que ce soit à titre individuel ou collectif, elles exercent toute une série de droits, dont les droits à la liberté d'expression et à la liberté de réunion pacifique. Pour plus d'informations, voir la campagne Protégeons les manifs d’Amnistie internationale.