• 24 Sep 2018
  • France
  • Communiqué de presse

Un militant des droits des réfugiés risque d’être condamné pour avoir tweeté une photo

Ce mardi 25 septembre est attendu le jugement dans l’affaire de Loan Torondel. Ce défenseur des droits humains est accusé de diffamation pour avoir publié sur Twitter une photographie de policiers se tenant au-dessus d’un des nombreux migrants systématiquement expulsés des camps informels de Calais. En attendant la décision de justice le concernant, Nicolas Krameyer, responsable du programme Libertés à Amnistie internationale France a déclaré :

« Cette affaire met en lumière le harcèlement dont souffrent les bénévoles venant en aide aux personnes migrantes et aux demandeurs d’asile qui se retrouvent sans abri dans le nord de la France après le démantèlement en 2016 de la "jungle" de Calais ».

« Les loi relatives à la diffamation qui étouffent toute critique légitime des représentants de l’État sont contraires au droit à la liberté d’expression. Une condamnation en raison de la publication de ce tweet établirait un précédent dangereux pour quiconque filme ou photographie les méthodes disproportionnées qui sont employées par la police française à Calais et dans le reste du pays. »

Complément d’information

Le tweet a été publié en janvier 2018 par Loan Torondel, un défenseur des droits humains qui suivait alors la situation humanitaire des migrants à Calais dans le cadre de son travail pour l’association L’Auberge des Migrants. La photographie jointe au tweet montre des agents de police français se tenant au-dessus d’un homme qui semble être un migrant assis sur un sac de couchage. La légende suggère que les agents de police sont sur le point de prendre la couverture de cet homme pour la deuxième fois, et ce, en plein hiver.

En France, il est légal de photographier les interventions d’agents de police.

Amnistie internationale s’oppose aux lois érigeant en infraction pénale la diffamation, de personnalités publiques comme de particuliers, qui devrait relever de procédures civiles.

L’engagement de poursuites en diffamation pour la simple publication d’un tweet peut avoir un effet glaçant et dissuader les bénévoles sur le terrain de faire état de potentiels comportements abusifs.

Amnistie internationale est au fait de nombreux rapports selon lesquels les forces de police font preuve de comportements violents à l’encontre de réfugiés, de migrants et de personnes défendant leurs droits dans la région de Calais.