• 25 Juil 2025
  • Eswatini
  • Communiqué de presse

Eswatini. Des députés en détention arbitraire déclarés prisonniers d’opinion par Amnistie internationale

Quatre ans après leur incarcération pour le seul exercice pacifique de leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de participation à la vie politique, deux députés d’Eswatini, Bacede Mabuza et Mthandeni Dube, ont été déclarés prisonniers d’opinion par Amnistie internationale vendredi 25 juin 2025.

« L’incarcération de députés pour le seul fait qu’ils ont exprimé leurs opinions est une ligne rouge qui ne doit jamais être franchie. Les autorités doivent annuler leurs condamnations et leur peines et les libérer immédiatement et sans conditions. Elles doivent abroger ou modifier la législation qui érige en infraction la défense des droits humains et le militantisme politique, et mettre cette législation en conformité avec les normes internationales relatives aux droits humains. »

« En déclarant Bacede Mabuza et Mthandeni Dube prisonniers d’opinion, Amnistie internationale affirme qu’ils n’auraient à l’origine jamais dû être arrêtés, a déclaré Tigere Chagutah, directeur régional d’Amnistie internationale pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe. Leur maintien en détention arbitraire est révélateur du climat croissant de répression en Eswatini et d’une utilisation abusive du système judiciaire pour sanctionner les personnes qui osent critiquer le gouvernement. »

« Amnistie internationale s’est inquiétée à maintes reprises de l’intolérance croissante des autorités d’Eswatini à l’égard de toute opposition pacifique, qui se traduit notamment par la détention arbitraire, le harcèlement et les poursuites judiciaires dont font l’objet des militant·e·s, des responsables de l’opposition et des personnes faisant campagne en faveur de la démocratie. » 

Contexte

Bacede Mabuza et Mthandeni Dube ont été arrêtés le 25 juillet 2021 après s’être exprimés avec force en faveur de réformes juridiques et de changements constitutionnels en Eswatini. Ils ont été déclarés coupables sur la base d’accusations forgées de toutes pièces, notamment en vertu de la Loi de 2008 relative à la répression du terrorisme et de la Loi de 1938 relative à la sédition et aux activités subversives – deux lois largement critiquées pour le caractère trop vague de leurs définitions et pour leur effet dissuasif sur l’exercice des droits humains, notamment le droit à la liberté d’expression.

Le 31 juillet 2024, la Haute Cour d’Eswatini a condamné Bacede Mabuza et Mthandeni Dube respectivement à 85 et 58 ans d’emprisonnement.

Amnistie internationale considère comme « prisonniers·ères d’opinion » les personnes qui sont incarcérées ou dont la liberté de mouvement est restreinte du fait de leurs convictions politiques ou religieuses, pour toute autre raison de conscience ou en raison de leur origine ethnique, de leur sexe, de leur couleur de peau, de leur langue, de leur nationalité, de leur origine sociale, de leur situation économique, de leur naissance, de leur orientation sexuelle ou de toute autre situation, sous réserve qu’elles n’aient ni utilisé ni préconisé la violence.