• 8 juin 2018
  • Éthiopie
  • Communiqué de presse

Le gouvernement doit protéger les victimes des attaques à caractère ethnique qui se multiplient

Le gouvernement éthiopien doit intervenir afin de protéger les milliers d'Amharas qui sont sur le point d'être déplacés en raison des violentes attaques contre leurs habitations, dans la région Oromia, qui sont le fait de groupes de jeunes motivés par la haine ethnique, a déclaré Amnistie internationale.

Cette semaine, des groupes de jeunes Oromos ont encerclé des maisons d'Amharas, frappé les habitants et pillé leurs biens, dans le district de Siyo, dans la zone de Qellem Wolléga, dans la région Oromia. Depuis le mois d'octobre 2017, au moins 20 Amharas ont été tués dans le cadre de ces attaques et les habitants affirment que les autorités ne font rien pour les endiguer.

« Le gouvernement éthiopien doit agir afin de prévenir ces attaques violentes ciblant la communauté des Amharas, pris pour cibles en raison de leur origine ethnique et qui se retrouvent désormais à la rue », a déclaré Joan Nyanyuki, directrice du programme Afrique australe, Corne de l’Afrique et Grands Lacs à Amnistie internationale.

On estime que 1 400 familles amharas se trouvent encore dans le district assiégé de Siyo, mais les habitants affirment qu'ils seront bientôt contraints de quitter leur foyer, alors qu'ils s'y trouvent depuis plus de 30 ans, parce qu'ils sont régulièrement pris pour cibles par les groupes de jeunes Oromos Qerro et Folle.

« Ce n'est plus tenable, on ne peut plus vivre ici ; nous avons peur pour la vie de nos enfants. Nous avons préparé nos affaires et nous nous tenons prêts à fuir, à moins que le gouvernement n'intervienne », a déclaré un villageois à Amnistie internationale.

Il a ajouté que la communauté a déposé de multiples plaintes et fourni de multiples informations aux autorités du district et de la zone dans la région Oromia au sujet de ces attaques, mais que rien n'a été fait pour contrer ces violences.

Les attaques visant des Amharas qui vivent dans les zones de Qellem Wolléga et Illu-Ababora, en Oromia, ont débuté en octobre 2017. Les Amharas installés dans la zone de Shinasha, dans le Beninshangul, sont également touchés. Au mois d'avril 2018, on recensait au moins 20 Amharas tués lors de ces attaques.

Des milliers ont fui à Bahir Dar, la capitale de la région voisine d'Amhara, mais certains sont contraints de vivre dans la rue, en l'absence de structures d'accueil décentes pour les personnes déplacées.

« Chaque citoyen a le droit de choisir où il veut s’installer et nul ne devrait être autorisé à restreindre cette liberté pour des questions d’origine ethnique, a déclaré Joan Nyanyuki.

« Le nouveau gouvernement éthiopien a fait de grande avancées pour améliorer la situation des droits humains dans le pays, mais ignore honteusement les violences motivées par la haine ethnique et les déplacements forcés. Les citoyens exposés doivent être protégés contre de nouvelles attaques et ceux qui sont déjà partis doivent se voir proposer une solution de relogement décente. »

Complément d’information

Selon les chiffres de l'ONU, ces attaques motivées par des considérations ethniques en Éthiopie ont causé le déplacement de plus de 200 000 personnes de la zone de Guji Ouest, dans l'Oromia, et de la zone Gedeo, dans la région des Nations, nationalités et peuples du Sud. Au moins 20 personnes ont été tuées dans le cadre des violences entre les communautés Gedeo et Guji.

Amnistie internationale observe et recueille des informations sur les répercussions de ces attaques motivées par la haine ethnique sur d'autres secteurs de la région Oromia et sur le pays en général.