Géorgie. L’emprisonnement d’un jeune manifestant soulève des inquiétudes quant à l’équité de son procès

Réagissant à la condamnation du manifestant Saba Jikia, 19 ans, à plus de quatre ans de prison pour avoir prétendument donné un coup de pied à un policier lors d’une manifestation relevant du mouvement de protestation se poursuivant à ce jour en Géorgie, Denis Krivosheev, directeur adjoint du programme Europe de l’Est et Asie centrale d’Amnistie internationale, a déclaré :
« Le procès de Saba Jikia a été entaché par des doutes quant à son équité et par la non-application de procédures de justice concernant les jeunes, qui sont généralement prévues par le droit géorgien pour les accusés âgés de 18 à 21 ans. Les éléments retenus contre lui comprennent des séquences vidéo contestées par sa défense et des conclusions de l’expert désigné par le parquet, que sa défense n’a pas pu soumettre à un contre-interrogatoire.
« Il est fréquent que des manifestant·e·s soient condamnés à de lourdes peines de prison à l’issue de procès inéquitables. Dans le même temps, les autorités géorgiennes se montrent réticentes à enquêter sur les graves violations commises par la police, aucun membre des forces de l’ordre n’ayant été amené à rendre des comptes pour les mauvais traitements généralisés infligés aux manifestant·e·s lors de leur arrestation et pour les allégations de torture en garde à vue. Cette approche sélective de la justice est très préoccupante. Les autorités géorgiennes doivent immédiatement mettre fin à cette impunité et à cette injustice. »
Complément d’information
Saba Jikia a été arrêté le 5 décembre 2024, une semaine après le début de manifestations pro-européennes de grande ampleur. Il a été poursuivi pour avoir semble-t-il donné un coup de pied à un policier anti-émeute tombé au sol. Le policier en question - qui n’était pas en uniforme lors des faits - a témoigné devant le tribunal, affirmant qu’il n’avait subi aucune blessure.
La législation géorgienne relative à la justice concernant les jeunes exige que l’on prenne en considération les mesures les moins restrictives pour les accusé·e·s âgés de moins de 21 ans, ainsi que les solutions de justice réparatrice. Lors de l’application des procédures de justice pour la jeunesse aux accusé·e·s âgés de 18 à 21 ans, la privation de liberté ne doit être autorisée qu’en dernier recours et pour la période la plus courte possible. Cependant, bien que les dispositions relatives à la justice concernant les jeunes soient largement appliquées par les tribunaux géorgiens pour les personnes âgées de 18 à 21 ans, elles n’ont pas été appliquées dans le cas de Saba Jikia. Il a dans un premier temps été placé en détention provisoire à l’issue d’une audience rapide, comme d’autres manifestant·e·s géorgiens placés en détention provisoire, sans que les motifs de sa détention provisoire ni des mesures de restriction de substitution n’aient été dûment pris en considération. À l’issue de son procès, le juge a prononcé une peine d’emprisonnement proche de la peine maximale.
Amnistie internationale a publié de nombreux rapports sur les violations des droits humains des personnes manifestant contre le gouvernement en Géorgie, notamment la privation des droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, la détention arbitraire, la torture et les autres mauvais traitements, les violences commises par des groupes pro-gouvernementaux ou des policiers infiltrés contre des militant·e·s de l’opposition, et les procès iniques. L’organisation a récemment lancé une campagne mondiale dans le but de Réclamer des comptes et demander justice pour les manifestant·e·s en Géorgie.