• 20 juin 2025
  • Azerbaïdjan
  • Communiqué de presse

Azerbaïdjan. Sept journalistes condamnés dans le cadre d’une vague récente de répression contre la liberté d’expression

En réaction à la condamnation à de lourdes peines d'emprisonnement de sept  professionnel·le·s des médias dans l'affaire d’« Abzas Media », en Azerbaïdjan, Marie Struthers, directrice du programme Europe de l'Est et Asie centrale à Amnistie internationale, a déclaré :

« L'affaire intentée à l’encontre d’Abzas Media en Azerbaïdjan illustre la manière dont le système judiciaire est instrumentalisé pour museler le journalisme indépendant et appelle une réaction internationale forte. En portant des accusations économiques forgées de toutes pièces contre des journalistes qui ont dénoncé la corruption à haut niveau, les autorités envoient un message glaçant à tous ceux qui, dans le pays, osent les défier. Il faut que la communauté internationale fasse clairement savoir que c’est inacceptable.

« La répression politique en Azerbaïdjan a atteint un niveau ahurissant, mais la communauté internationale n'a pas adopté de position unie et fondée sur des principes pour défendre les droits humains. Au contraire, des acteurs majeurs comme l'Union européenne courtisent activement le président Ilham Aliev en vue de conclure des contrats gaziers lucratifs.

« La communauté internationale doit faire pression sur les autorités azerbaïdjanaises pour qu'elles libèrent sans délai les journalistes d'Abzas Media, les professionnel·le·s des médias de Toplum TV, Meydan TV et Kanal 13, ainsi que tous les détracteurs du gouvernement emprisonnés uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression. Enfin, elles doivent mettre fin à leur campagne systémique visant la dissidence. »

Complément d’information

Le 20 juin, la Cour des crimes graves de Bakou a condamné sept professionnel·le·s affiliés au média d'investigation indépendant Abzas Media - dont le directeur Ulvi Hasanli, la rédactrice en chef Sevinc Vagifgizi, le journaliste d'investigation Hafiz Babaly, les reporters Nargiz Absalamova et Elnara Gasymova, le traducteur Muhammad Kekalov, et l'économiste et correspondant de Radio Free Europe Farid Mehralizade - à des peines d'emprisonnement allant de sept ans et demi à neuf ans. Les chefs d'accusation portaient sur la « contrebande de devises », le « blanchiment d'argent », l'« évasion fiscale » et la falsification de documents.

Beaucoup considèrent les poursuites et les peines de prison dont ils font l'objet comme des représailles pour les enquêtes menées par ce média sur la corruption au sein de la famille et du cercle rapproché du président Ilham Aliev. Ces reportages couvrent notamment la reconstruction du Haut-Karabakh après la guerre et les réseaux financiers illicites en lien avec des entreprises liées aux pouvoirs publics. Au cours des audiences, la défense a mis en évidence les nombreux vices de procédure, les pressions exercées sur les accusés et les témoins, ainsi que l'absence de preuves crédibles. Des témoins ont retiré ou nié leurs déclarations antérieures et des accusés ont fait état de mauvais traitements en garde à vue.

Au moins 25 journalistes sont actuellement incarcérés dans le pays. L'Azerbaïdjan est le pays qui compte le plus grand nombre de professionnel·le·s des médias emprisonnés pour des motifs politiques depuis son adhésion au Conseil de l'Europe en 2001. Le 7 mai, la journaliste indépendante Ulviyya Ali, collaboratrice de Voice of America, a été arrêtée.