• 21 Sep 2023
  • Tadjikistan
  • Communiqué de presse

Tadjikistan. Des membres influents de la minorité pamirie sont détenus arbitrairement, torturés et injustement condamnés

La communauté internationale doit dénoncer les violations des droits humains ciblant la minorité pamirie dans la région autonome du Haut-Badakhchan au Tadjikistan, a déclaré Amnistie Internationale le 21 septembre 2023. Elle demande la libération immédiate et inconditionnelle des militant·e·s pamiris de la société civile et de toutes les personnes détenues arbitrairement et injustement condamnées dans le cadre de la répression menée par les autorités tadjikes contre la minorité pamirie.

« Les autorités tadjikes doivent libérer immédiatement et sans condition tous les défenseur·e·s des droits humains et militant·e·s pamiris arrêtés et emprisonnés uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. Elles doivent cesser de priver les Pamiris des droits d’avoir leur propre vie culturelle, de professer et de pratiquer leur propre religion, ou d’employer leur propre langue », a déclaré Denis Krivosheev, directeur adjoint des recherches sur l’Europe et l’Asie centrale à Amnistie Internationale.

Depuis mai 2022, les autorités au Tadjikistan durcissent la répression contre la société civile dans la région autonome du Haut-Badakhchan, dispersant avec violence les manifestations pacifiques et détenant des leaders locaux et autres personnalités respectées de la communauté, dont des militant·e·s de la société civile, des journalistes, des défenseur·e·s des droits humains et des dignitaires religieux.

Les chercheurs d’Amnistie Internationale se sont entretenus avec des personnes qui avaient été détenues pendant de courtes durées, notamment pour être interrogées, par des agents des services de sécurité pendant la répression de mai 2022. La plupart d’entre elles ont quitté le pays après mai 2022. Beaucoup ont déclaré avoir subi actes de torture et mauvais traitements durant leur interrogatoire, notamment des coups de poing, de matraque et d’instruments métalliques, des décharges électriques et des privations de sommeil. Toutes quasiment ont été victimes d’agressions verbales, notamment dirigées à l’encontre des femmes de leur famille et d’autres membres de leur communauté ethnique et religieuse.

« Toutes les allégations de torture et de mauvais traitements émanant de personnes détenues doivent faire l’objet d’enquêtes, en vue de traduire en justice les responsables présumés dans le cadre de procès équitables. Toutes les victimes de violations des droits humains au Tadjikistan doivent recevoir des réparations pleines et adéquates pour les préjudices subis, a déclaré Denis Krivosheev.

« Les Pamiri·e·s du Tadjikistan qui sollicitent une protection internationale à l’étranger ne doivent pas être renvoyés de force au Tadjikistan, ni transférés vers des pays tiers, dont la Russie, où ils risqueraient d’être transférés de force vers leur pays d’origine. Au Tadjikistan, et en particulier dans la région autonome du Haut-Badakhchan, ils risqueraient de subir des violations des droits humains, et notamment d’être arrêtés arbitrairement, torturés et jugés dans le cadre de procès iniques. »

Complément d’information

La région autonome du Haut-Badakhchan est une région de haute montagne située dans l’est du Tadjikistan. Elle comptait officiellement 236 000 habitants en 2018. La majorité d’entre eux s’identifient comme des Pamiris et adhèrent à la branche ismaélienne de l’islam chiite. Bien qu’ils forment une minorité ethnique et linguistique, les Pamiris ne sont pas reconnus comme tels par l’État. Au contraire, les autorités tadjikes font de plus en plus barrage à l’emploi des langues pamiriennes et à l’affirmation de leur identité dans les institutions de l’État, les écoles, les médias, les spectacles et l’espace public.