• 5 oct 2023
  • Kenya
  • Communiqué de presse

Amnistie Internationale Kenya répond à la décision du Conseil de sécurité de l’ONU de déployer une force internationale de sécurité en Haïti dirigée par des membres des forces de l’ordre kenyanes

Amnistie Internationale Kenya note la décision du Conseil de sécurité de l’ONU de déployer une force internationale de sécurité en Haïti dirigée par 1 000 membres des forces de l’ordre kenyanes. La résolution englobe des paramètres clairs, obligatoires et applicables fondés sur les droits humains pour la mission de l’ONU. Il est essentiel que les États membres de l’ONU, les organisations de défense des droits et les citoyen·ne·s examinent de près les implications humanitaires et relatives aux droits humains avant tout déploiement.

Il existe un passif inquiétant de violences et d’impunité ayant caractérisé les précédentes interventions multinationales ou étrangères en Haïti. Ces interventions n’intégraient pas de mécanismes d’obligation de rendre des comptes pour l’usage excessif de la force et ont été marquées par tout un éventail de violations, notamment des cas d’exploitation sexuelle. Il est impératif de reconnaître que ces interventions ont eu lieu dans l’ombre de l’épidémie de choléra déclenchée par des membres du personnel de l’ONU.

« Des paramètres clairs, obligatoires et applicables doivent détailler les mesures portant sur les opérations et la surveillance qui permettront de prévenir l’usage illégal de la force, les négligences entraînant des préjudices pour les populations locales et tout autre abus, avant tout déploiement. Ces paramètres doivent inclure des mesures solides visant à protéger les individus contre l’exploitation et les violences sexuelles, garantissant des recours accessibles et efficaces aux victimes. La mission doit adhérer à la Politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme de l’ONU, afin d’évaluer et de traiter les impacts potentiels sur les droits humains », a déclaré Irungu Houghton, directeur exécutif d’Amnistie InternationaleKenya.

Au niveau national, le déploiement de 1 000 membres des forces de l’ordre kenyanes requiert l’approbation explicite de l’inspecteur général et une supervision parlementaire au titre de la Constitution du Kenya. Le Parlement doit désormais soumettre et discuter la proposition de cette mission étrangère qui met en jeu des vies kenyanes.

Par ailleurs, Amnistie InternationaleKenya réclame de véritables consultations avec la société civile haïtienne et les médias de masse avant tout déploiement d’un soutien à la stabilisation. Nous tenons à souligner qu’il est important de soutenir les solutions dirigées par les Haïtien·ne·s pour une stabilité à long terme et de s’attaquer activement aux causes profondes des violences dans le pays.

Les droits humains, l’obligation de rendre des comptes, la sécurité et la dignité du peuple haïtien doivent être prioritaires dans le cadre de cette mission de maintien de l’ordre.

 

Signataire

Irungu Houghton, directeur exécutif d’Amnistie InternationaleKenya

 

1.   Pour des informations complémentaires sur la Résolution du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, veuillez consulter le document suivant : https://www.securitycouncilreport.org/whatsinblue/2023/10/haiti-vote-to-authorise-multinational-security-support-mission.php

2.   Amnistie Internationale Kenya souligne à quel point il est important d’examiner le bilan des forces de sécurité kenyanes en matière de droits humains avant d’approuver leur déploiement en Haïti. De récents rapports ont condamné l’usage illégal de la force contre des manifestant·e·s par la police kenyane, notamment des cas de recours à la force excessive et meurtrière ayant entraîné des morts et des blessés. Ces événements soulèvent des préoccupations quant à la légitimité des forces de l’ordre kenyanes pour remplir ce rôle. Pour en savoir plus, veuillez consulter le document suivant : https://www.amnestykenya.org/open-letter-regarding-the-deployment-of-an-international-security-force-in-haiti/

3.   Haïti traverse actuellement une grave crise des droits humains, qui a poussé des milliers d’Haïtien·ne·s à fuir et à chercher refuge dans des pays des Amériques. Hélas, certains gouvernements de la région ont mis en œuvre des expulsions massives et des politiques discriminatoires.  D’après les chiffres de l’OIM, 162 000 Haïtien·ne·s ont été rapatriés entre septembre 2021 et juillet 2023. Il faut adopter une approche humaine et responsable afin de protéger les Haïtien·ne·s en quête de sécurité, et mener notamment des évaluations justes et individualisées pour l’obtention du statut de réfugié·e. Pour en savoir plus :  https://www.amnestykenya.org/kenya-police-in-haiti-whats-at-stake/