• 24 juin 2020
  • Nations unies
  • Communiqué de presse

Les enfants pris dans la guerre ne doivent jamais servir de monnaie d’échange politique

Le Conseil de sécurité des Nations unies doit réparer au plus vite son mécanisme de surveillance et d’information sur les enfants impactés par les conflits armés, qui met en plus grand danger encore certaines des personnes les plus vulnérables en cédant à des sensibilités politiques, a déclaré Amnistie internationale en amont d’un débat ouvert sur le sujet qui se tiendra le 23 juin 2020.

Dans le Rapport annuel du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés, publié début juin 2020, l’Arabie saoudite a été intégralement supprimée de la liste des États et des groupes armés en guerre à travers le monde qui s’avèrent responsables de violations des droits des enfants.

« La décision récente du Secrétaire général d’enlever l’Arabie saoudite de la liste des États est le signe le plus évident que le système ne parvient pas à protéger les enfants dans les conflits armés. Au lieu de cela, ces enfants sont devenus une monnaie d’échange dans des discussions politiques à la portée plus large », a déclaré Sherine Tadros, responsable du Bureau d’Amnistie internationale auprès des Nations unies à New York.

« La coalition menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis a fait pleuvoir un déluge de bombes sur les enfants yéménites alors qu’ils voyageaient en car scolaire et sur leur maison pendant qu’ils dormaient, de même qu’elle a utilisé des bombes à sous-munitions interdites par la réglementation internationale qui pourront mutiler et tuer des enfants pour bien des années encore. Amnistie internationale a également recueilli des informations sur des cas de viols et de violences sexuelles sur des enfants de la part de membres de groupes armés affiliés à la coalition.

« Cette radiation prématurée de la liste montre que le mécanisme de l’ONU est gravement compromis et nécessite donc un examen complet et transparent de la manière dont il fonctionne. Année après année, il a été de plus en plus affaibli et un changement de trajectoire est absolument nécessaire pour garantir une approche exacte et cohérente du processus d’établissement de la liste. Pour nous, la seule approche envisageable serait que le Secrétaire général António Guterres engage un examen complet et indépendant.

« Nous devons nous rappeler que ce mécanisme a été établi dans le but de protéger les enfants dans les conflits. S’il échoue, la communauté internationale doit être prête à regarder ce qui doit être fait, et quels programmes doivent recevoir des ressources pour garantir la protection des enfants. »

Le 22 juin, Amnistie internationale a rejoint un groupe de 24 ONG qui ont envoyé une lettre au Secrétaire général António Guterres, l’appelant : à réexaminer la radiation de l’Arabie saoudite et de la Tatmadaw du Myanmar ; à engager une procédure de diligence requise pour veiller à ce que les annexes du rapport annuel reflètent de manière exacte et cohérente les preuves recueillies ; et à communiquer aux parties prenantes la manière dont la nouvelle procédure sera mise en œuvre.

Complément d’information

En 2015, l’Arabie saoudite a été incluse dans le rapport sur les enfants dans les conflits armés pour des violations commises durant la guerre au Yémen, mais elle a été enlevée du rapport l’année suivante par le Secrétaire général de l’époque Ban Ki-moon. Il a ensuite publiquement dénoncé l’Arabie saoudite, affirmant qu’elle avait, de fait, exercé un chantage sur l’ONU en menaçant d’arrêter de financer des programmes de l’organisation. Dans les rapports publiés en 2017 et 2018, le rôle de l’Arabie saoudite dans la mise en danger des enfants yéménites était à nouveau minimisé.

Au cours des cinq dernières années, Amnistie internationale a rendu compte de manière approfondie de la manière dont toutes les parties au conflit au Yémen ont perpétré des atteintes au droit international humanitaire, notamment de probables crimes de guerre, contre des enfants et d’autres populations civiles.

L’organisation a récemment commencé à travailler sur un nouvel axe de recherche qui examine la manière spécifique dont les conflits armés impactent les enfants, et continue de surveiller la situation des enfants au nord de l’Irak, dans le nord-est du Nigeria et ailleurs.

 

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