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Agissons maintenant pour respecter les droits des peuples autochtones en territoire Wet’suwet’en

C’est la troisième fois en trois ans que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) arrête des défenseur·e·s de la terre qui cherchent à protéger leur territoire de la construction d’un pipeline dont ils ne veulent pas.

Amnistie internationale s’inquiète sérieusement des violations des droits des peuples autochtones et de l’arrestation de défenseur·e·s de la terre pacifiques sur le territoire Wet’suwet’en.

Les 18 et 19 novembre 2021, vingt-neuf sympathisants de la cause autochtone ainsi que des journalistes ont été arrêtés par la GRC sur le territoire Wet’suwet’en, au nord-ouest de la Colombie-Britannique au Canada. D’autres arrestations ont suivi.

La GRC a procédé à ces arrestations pour appliquer l’injonction de la Cour suprême de Colombie-Britannique, obtenue par la compagnie Coastal Gaslink. La GRC a appliqué l’ordre lui enjoignant de chasser les personnes d’un barrage visant à empêcher les forages sous la Wedzin Kwa (rivière Morice) — une source majeure d’eau potable pour les communautés du territoire et un site de reproduction du saumon sauvage, une espèce menacée.

Les chefs héréditaires Wet’suwet’en – les autorités traditionnelles de la Nation – n’ont jamais consenti au projet de gazoduc de Coastal Gaslink. Les autorités canadiennes n’ont pas respecté leur droit à l’autodétermination et ont quand même permis que le projet démarre sans leur consentement. En septembre, les chefs ont exprimé leur opposition aux plans de la compagnie de forer sous la rivière. En plus des violations de leurs droits, qui se poursuivent encore, ils s’inquiètent des risques que pose le gazoduc à leurs droits économiques, sociaux et culturels, ainsi qu’à leur environnement et à leur santé.

En 2019, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations Unies (CEDR) a évalué le rôle de Canada dans l’approbation du gazoduc de Coastal Gaslink, sans le consentement libre, préalable et éclairé (CLPE) des Wet’suwet’en.

Le Comité demandait instamment au Canada :

  • D’arrêter immédiatement la construction et de suspendre tous les permis et approbations du gazoduc de Coastal Gas Link sur les terres et territoires traditionnels et non cédés des Wet’suwet’en, jusqu’à ce que ceux-ci aient fourni leur CLPE, après s’être acquittés pleinement et adéquatement de leur obligation de consultation;
  • De mettre fin immédiatement aux évictions forcées des Autochtones Wet’suwet’en;
  • De s’assurer qu’on n’utiliserait pas la force à l’encontre des Wet’suwet’en; et
  • De retirer les agents de la GRC et des services associés de police et de sécurité de leurs terres traditionnelles.

Le Canada n’a répondu à aucune de ces demandes. En fait, le déploiement, en novembre 2021, d’autres policiers fortement armés sur le territoire, entraînant ainsi encore plus d’arrestations et de tensions, représente un mépris flagrant des recommandations du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations Unies.

Demandez au ministre de la Sécurité publique du Canada, Marco Mendicino, et au premier ministre de la Colombie-Britannique John Horgan, de :

  • retirer immédiatement les agents de la GRC at autres forces de police et de sécurité du territoire Wet’suwet’en, tel que demandé par les chefs héréditaires et le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations Unies
  • suspendre immédiatement tous les permis liés au gazoduc de Coastal Gaslink et de leurs infrastructures associées, tel que demandé par le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations Unies
  • accepter l’invitation des chefs héréditaires à les rencontrer et à entamer un dialogue constructif sur le gazoduc de Coastal Gaslink, en respect des lois, de l’autodétermination et du droit au consentement libre, préalable et éclairé des communautés Wet’suwet’en

Depuis que le gouvernement provincial de Colombie-Britannique a annoncé, en octobre 2018, son soutien officiel au gazoduc de Coastal GasLink – un pipeline de gaz naturel de 670 kilomètres qui devrait se déployer sur le territoire traditionnel Wet’suwet’en, celui-ci a fait l’objet d’une vive opposition des cinq clans de la Nation Wet’suwet’en. Depuis janvier 2019, la GRC a assuré une forte présence sur le territoire et a déjà arrêté des défenseur.e.s de la terre en 2019 et en 2020, pour avoir défié l’injonction de la Cour suprême de Colombie-Britannique obtenue par Coastal Gaslink. La GRC a dépensé près de 20 millions de dollars CDN entre la fin de janvier 2019 et le 31 mars 2021, pour surveiller les défenseurs de la terre en territoire Wet’suwet’en.

En 2021, Coastal Gaslink a annoncé clairement son intention de commencer les forages sous la Wedzin Kwa (la rivière Morice) pour la construction du gazoduc. Cette rivière est l’une des principales sources d’eau potable du territoire, et les défenseur.e.s de la terre ont soulevé la possibilité d’une pollution catastrophique de la rivière en cas de fuites, de fissures, ou autres bris du pipeline. Les porte-parole des chefs héréditaires disent que la Wedzin Kwa est une rivière sacrée sur leur territoire. Elle est source d’eau potable et sert de frayère à saumon. Les impacts d’un déversement seraient dévastateurs pour la fraie des saumons. 

Les chefs héréditaires s’opposent unanimement à tout forage sous la rivière et, le 25 septembre, ils ont donné la permission aux défenseur.e.s de la terre et de l’eau d’établir un barrage (le camp Coyote) sur la plateforme de forage de la compagnie pour l’empêcher de commencer le forage sous la Wedzin Kwa. Le camp est situé en territoire Cas Yikh (Grizzly House), au sein du grand territoire du clan Gidimt’en, un des cinq clans de la Nation Wet’suwet’en.

Le consentement libre, préalable et éclairé (CLPE) est une garantie essentielle pour des droits qui ont été systématiquement bafoués par les pouvoirs coloniaux. Les plus hautes cours de justice canadiennes ont reconnu que le titre et le droit des Autochtones à déterminer ce qui se passe sur leurs territoires appartient aux structures héréditaires de leadership des Wet’suwet’en. Si plusieurs conseils de bande Wet’suwet’en ont signé des ententes avec la compagnie pour avoir des emplois et des bénéfices pour leurs communautés, ils n’ont pas de pouvoir de décision sur des projets qui impliquent l’ensemble du territoire. Les Wet’suwet’en ont des lois et des processus en place pour les décisions qui impliquent l’ensemble de la Nation. Il est donc important que TOUTES les communautés de la Nation Wet’suwet’en soient consultées de manière significative et puissent exercer leur droit au consentement libre, préalable et éclairé, selon leurs propres coutumes, lois et processus de prises de décision. 

Les gouvernements du premier ministre Justin Trudeau et du premier ministre de Colombie-Britannique, John Horgan, ont pris des engagements pour le respect des droits des peuples autochtones, dont celui de mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Pourtant, ces deux gouvernements ont démontré qu’ils pouvaient ignorer les voix des peuples autochtones lorsque ceux-ci disent « non » à un pipeline sur leur territoire, et soutenir la police lorsqu’elle exécute une injonction à l’encontre des défenseur.e.s de la terre. Cette approche sélective au CLPE renforce plutôt qu’elle ne transforme les relations injustes entre le Canada et les peuples autochtones.

Exemple de messages sur Twitter :

  1. Je joins @AmnistieCa en solidarité avec les #Wet’suwet’enStrong #Gidimten. Je demande @JustinTrudeau, @marcomendicino et @jjhorgan de respecter les obligations internationales du Canada sur #droitshumains des #peuplesautochtones et de retirer les forces de sécurité de la #GRC de #yintah
  2. Il est embarrassant que le #Canada ait ENCORE ignoré l’appel du #CEDR des Nations Unies à cesser l’éviction des #Wetsuweten du #yintah. @JustinTrudeau, @marcomendicino et @jjhorgan #Canada doit obtenir le consentement de TOUTES les personnes affectées par le gazoduc @CoastalGasLink.