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Golrokh Ebrahimi Iraee - Livres comme l'Air

Portrait de l'autrice

Golrokh Ebrahimi Iraee, défenseure des droits humains et écrivaine iranienne, déjà condamnée à six ans d’emprisonnement pour avoir écrit une fiction sur la pratique de la lapidation, a été à nouveau arrêtée en janvier 2017 alors qu’elle bénéficiait d’une autorisation temporaire de sortie, dans l’attente du réexamen judiciaire par la Cour suprême iranienne de sa peine d’emprisonnement. Elle a été arrêtée à nouveau en 2022 à la suite des manifestations consécutives à la mort de Mahsa Amini.  

Signez la pétition pour demander aux autorités qu'elles libèrent Golrokh immédiatement et sans conditions !

LIVRES COMME L'AIR

Dans le cadre du projet Livres comme l’Air, des écrivains québécois témoignent leur solidarité à des écrivains emprisonnés ou menacés à travers le monde en leur rédigeant des dédicaces. 

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Salon du livre de Trois-Rivières

Comédien connu pour ses rôles au théâtre et au cinéma, James Hyndman a fait paraître Océans (2018) et Une vie d’adulte (2020), deux livres applaudis, qui ont révélé au public un authentique écrivain, Avec Faux rebonds, son troisième livre (mai 2022), il propose une série de courts récits encapsulant histoire du tennis et anecdotes personnelles, de même qu’une sensibilité aiguë pour les élans et les revers des relations humaines. 

Mars 2023

Madame Golrokh Ebrahimi Iraee,

Comment ne pas être bouleversé par les événements qui ont marqué votre vie depuis ce jour de 2014 où les Gardiens de la Révolutions ont perquisitionné votre domicile à Téhéran, avant de vous jeter en prison — vous et votre mari, lui-même militant des droits humains — pour avoir écrit une fiction non publiée dénonçant la lapidation, une pratique encore inscrite dans loi iranienne?

C’est avec effroi que j’ai lu les articles et les communiqués publiés au fil des ans dans la presse internationale ou sur les sites des ONG qui se sont portées à votre défense. Comment se représenter les souffrances que vous avez endurées? Les violences, les tortures, les prisons infâmes, les transferts arbitraires, les grèves de la faim, l’absence de soins médicaux, l’absence d’assistance juridique digne de ce nom, les confinements solitaires, les promesses de libération bafouées, l’acharnement systématique : la liste des épreuves semble ne pas avoir de fin.

À l’heure où je vous écris, votre mari demeure emprisonné. Son état de santé s’est détérioré au fil des ans, notamment à la suite de deux grèves de la faim, dont celle menée pour obtenir votre libération, une libération que l’on a fini par vous accorder — c’était en janvier 2017 —, pour vous remettre en prison quelques jours plus tard,

une fois que votre mari eut accepté de recommencer à se nourrir. Aujourd’hui, dans la foulée des soulèvements provoqués par la mort de Mahsa Amini, et après que la justice vous eut enfin libérée, vous voilà de nouveau incarcérée. Parce qu’en dépit de ce que l’on vous fait subir depuis des années, vous continuez de lutter pour le droit à la justice et à la dignité.

J’habite au Québec, un pays préservé de tout ce qui vous afflige, vous, vos frères et vos sœurs, et je me pose la question : comment me relier à vous? Que vous écrire qui ait du sens? C’est une question à laquelle il n’est pas facile de trouver une réponse tant nos destins sont à des années-lumières l’un de l’autre, et tant votre engagement et votre courage forcent l’admiration et l’humilité. Au delà de l’élan du cœur qui me vient en lisant sur vous ou en tombant sur des photos où vous êtes si jeunes et beaux, votre mari et vous, ce que je peux et souhaite vous dire est ceci : maintenant que j’ai découvert qui vous êtes, je ne pourrai pas vous oublier, et chaque fois que je le pourrai, je parlerai de vous, comme je le ferai à l’occasion du salon du livre où l’on m’a invité à lire publiquement cette lettre.

Puisse la lumière surgir des ténèbres. James Hyndman