• 16 Aoû 2018
  • Viêt-Nam
  • Communiqué de presse

Il faut enquêter sur les allégations de torture et d’autres mauvais traitements infligés par la police à des spectateurs d’un concert

Les autorités vietnamiennes doivent enquêter sans délai sur les allégations selon lesquelles des militants auraient été agressés et roués de coups par des policiers alors qu’ils assistaient à un concert privé de chansons datant d’avant la période communiste à Ho Chi Minh-Ville le 15 août, a déclaré Amnistie internationale.

Après avoir interrompu l’événement, un concert du chanteur Nguyen Tin qui avait lieu dans un petit café et durant lequel il a interprété des chansons d’amour apolitiques datant d’avant 1975, la police a fouillé tout le monde pour des contrôles d’identité et a commencé à frapper des spectateurs, en se concentrant sur Pham Doan Trang, Nguyen Tin et Nguyen Dai, militants des droits humains bien connus.

Tous trois ont déclaré avoir été ensuite conduits dans des postes de police différents et torturés ; Pham Doan Trang a dû être hospitalisée.

« Quand la répression de la société civile au Viêt-Nam atteint un stade où des gens sont roués de coups et torturés pour avoir écouté des chansons d’amour, il devient évident que la situation s’est dégradée de façon alarmante. Assister à un concert n’est pas un crime, et personne ne devrait craindre pour sa sécurité en le faisant », a déclaré Clare Algar, directrice des Opérations mondiales d’Amnistie internationale.

« Les autorités vietnamiennes doivent immédiatement ouvrir une enquête indépendante sur ces graves allégations, conformément aux obligations qui leur incombent au titre de la Convention des Nations unies contre la torture. »

Pham Doan Trang, qui a récemment accordé à la presse un entretien lors duquel elle a critiqué le parti au pouvoir, a indiqué avoir été plus tard emmenée hors de la ville par des policiers, sur une route qu’elle n’a pas su identifier, où elle a de nouveau été rouée de coups, au point d’en être défigurée. Elle est actuellement hospitalisée.

Nguyen Tin et Nguyen Dai ont déclaré qu’on leur avait bandé les yeux et recouvert la tête pour les conduire aux postes de police, où ils auraient été roués de coups avant d’être libérés.

COMPLÉMENT D’INFORMATION

Depuis quelque temps, les agents de la sécurité publique d’Ho Chi Minh-Ville recourent de plus en plus à une force excessive et aux mauvais traitements contre les militants. En juin 2018, de nombreuses personnes ont signalé avoir été torturées après avoir participé à un grand rassemblement pour protester contre les nouvelles lois sur les zones économiques et la sécurité informatique.

L’héritage culturel du sud du pays concernant la période précédant la victoire du parti communiste en 1975, à l’issue de la guerre du Viêt-Nam, reste un sujet sensible pour les autorités vietnamiennes, même en l’absence de tout élément politique manifeste. Nguyen Tin est connu au Viêt-Nam pour chanter des chansons écrites avant cette période. Il avait également été arrêté et torturé par la police lors de la manifestation de juin.

Ces allégations de torture arrivent trois mois après le cinquième anniversaire de l’adhésion du Viêt-Nam à la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, un événement qui avait été célébré comme la preuve de l’intégration positive croissante du pays au sein de la communauté internationale.