• 4 mai 2018
  • Iran
  • Communiqué de presse

Raheleh Rahemipour comparaît devant la justice dans un contexte de pressions croissantes destinées à la faire retirer sa plainte déposée auprès de l’ONU

Les autorités iraniennes doivent mettre fin à la campagne de harcèlement visant Raheleh Rahemipour, une défenseure des droits humains de 65 ans qui, pour la deuxième fois, fait l’objet d’un procès à titre de représailles pour une plainte déposée auprès de l’ONU concernant la disparition forcée de son frère et de la fille celui-ci, a déclaré Amnistie internationale le 4 mai.

Raheleh Rahemipour doit comparaître devant un tribunal révolutionnaire siégeant à Téhéran le 5 mai, pour des accusations de « diffusion de propagande contre le régime ». Ce procès est le dernier volet d’une campagne de harcèlement lancée en mars 2016, après que le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires des Nations unies a reçu une plainte concernant la disparition forcée d’Hossein Rahemipour, le frère de Raheleh Rahemipour, et de la fille de celui-ci, Golrou, alors qu’ils étaient détenus à la prison d’Evin, à Téhéran, entre 1983 et 1984.

« Depuis plus de 30 ans, les autorités iraniennes font preuve d’un mépris total pour les souffrances infligées à Raheleh Rahemipour, qui reste sans informations quant à ses proches. Cela laisse penser qu’elles sont prêtes à la punir encore davantage maintenant, simplement parce qu’elle a demandé à connaître la vérité sur le sort réservé à son frère et la fille de celui-ci », a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnistie internationale. 

« Il est scandaleux que des représentants du ministère du Renseignement aient maintenant indiqué à Raheleh Rahemipour que les poursuites seraient abandonnées si elle acceptait de retirer sa plainte déposée auprès des Nations unies. Cela montre à nouveau jusqu’où les autorités iraniennes sont prêtes à aller pour réduire au silence les défenseur-e-s des droits humains et empêcher toute communication avec les mécanismes internationaux de défense des droits humains. »

Le procès du 5 mai est le deuxième procès dont Raheleh Rahemipour fait l’objet pour des accusations de « diffusion de propagande contre le régime ». Elle avait été déclarée coupable des mêmes charges en février 2017 par un tribunal révolutionnaire de Téhéran et condamnée à une peine d’un an d’emprisonnement.

Lors de son dernier procès, le tribunal avait qualifié d’« activités criminelles » ses interviews dans les médias sur la disparition forcée de ses proches et sa participation à des rassemblements pacifiques, où elle brandissait une pancarte sur laquelle on pouvait lire : « Vous avez tué mon frère. Qu’avez-vous fait de son bébé ? » L’ONU a déjà demandé aux autorités iraniennes de cesser de la harceler et de l’intimider.

Complément d’information

Hossein Rahemipour, le frère de Raheleh Rahemipour, a été arrêté en août 1983 avec sa femme enceinte, en raison de leur affiliation à un groupe politique de l’opposition. Un an plus tard, sa famille a été appelée pour venir chercher ses effets personnels à la tristement célèbre prison d’Evin, à Téhéran. La famille a compris que cela signifiait qu’il avait été exécuté, mais son corps n’a jamais été restitué et aucun acte de décès n’a été délivré.

La nièce de Raheleh Rahemipour, Golrou, est née à la prison d’Evin en avril 1984, mais elle a été enlevée à sa mère alors qu’elle n’avait que 15 jours, d’après les autorités, pour passer des tests médicaux. Les autorités ont ensuite déclaré que le nourrisson était décédé, mais n’ont pas fourni d’acte de décès ni d’informations sur les circonstances de sa mort et le lieu d’inhumation.