• 15 avr 2025
  • Hongrie
  • Communiqué de presse

Hongrie. Alors que la loi mettant en péril la marche des fiertés entre en vigueur, la riposte mondiale s’organise sous le slogan « Laissez marcher les fiertés »

Alors qu’une loi discriminatoire susceptible d’être utilisée pour interdire les marches des fiertés en Hongrie entre en vigueur le 15 avril 2025, Amnistie internationale annonce le lancement d’une campagne internationale qui interpelle les autorités hongroises avec le slogan « Laissez marcher les fiertés ».  

Cette campagne, qui démarre le 16 avril, à l’approche du 30e anniversaire de la marche des fiertés de Budapest ou Budapest Pride, demande au chef de la police de la ville de permettre aux gens de participer à la marche en toute sécurité, sans subir d’actes d’intimidation, de harcèlement ni de violence. Elle encourage également les citoyen·ne·s du monde entier à manifester leur soutien et leur solidarité envers les personnes LGBTI et leurs alliés en Hongrie. 

« Depuis 30 ans, les Hongroises et les Hongrois défilent dans les rues de Budapest pour célébrer les fiertés et revendiquer égalité et dignité pour les personnes LGBTI. En juin, la Budapest Pride aura lieu et nous marcherons aux côtés de toutes celles et ceux qui s’opposent à la discrimination et au recul de la liberté d’expression et de réunion pacifique, a déclaré Dávid Vig, directeur d’Amnistie internationale Hongrie. 

« La récente loi anti-marche des fiertés est la dernière mesure ciblant et stigmatisant les personnes et les organisations LGBTI ; elle tente de gommer leurs droits acquis de haute lutte. On s’attend à ce qu’un grand nombre de personnes descendent pacifiquement dans la rue et elles doivent être autorisées à défiler en toute sécurité. » 

En vertu de ce nouveau texte de loi, adopté à la hâte par le Parlement en mars dans le cadre d’une procédure accélérée sans consultation, il est « interdit d’organiser un rassemblement en violation » de la loi de 2021 qui proscrit toute « représentation ou promotion » de l’homosexualité et des diverses identités de genre auprès des moins de 18 ans. Aux termes de la loi, les autorités sont habilitées à utiliser les technologies de reconnaissance faciale pour identifier les participant·e·s et à infliger des amendes à ceux qui participent à un rassemblement interdit. D’après le Code pénal, les organisateurs·trices d’un rassemblement interdit s’exposent à des poursuites pénales et à une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à un an. 

En outre, la nouvelle loi élargit les conditions dans lesquelles la police peut disperser un rassemblement notifié. La dispersion illégale des participant·e·s à la marche des fiertés pourrait créer des troubles, des tensions et une possible escalade de la violence. Amnistie internatioanle demande à la police de respecter, de protéger et de faciliter le droit des citoyen·ne·s de manifester, conformément aux obligations qui lui incombent en vertu du droit international. 

Le vote d’un amendement intervenu le 14 avril devant le Parlement hongrois a favorisé l’adoption de cette nouvelle loi. Il fournit une base constitutionnelle qui permet de nier l’identité de genre de certaines personnes en Hongrie et de restreindre les droits, en particulier ceux des personnes LGBTI, au nom de la protection des mineur·e·s. 

« Les autorités hongroises ne doivent pas imposer de restrictions injustifiées, ni interdire à titre préventif la Budapest Pride. Au contraire, la marche doit se dérouler librement et la réponse de la police, en charge de la responsabilité opérationnelle, doit être pleinement conforme aux droits humains, a déclaré Catrinel Motoc, responsable du travail de campagne sur le droit de manifester au sein d’Amnistie internatioanle. 

« Alors que les fiertés sont célébrées partout dans le monde, nous invitons chacun·e à rejoindre notre campagne pour inviter les autorités hongroises à Laisser marcher les fiertés (#LetPrideMarch) et à ne plus recourir à une législation fondée sur des stéréotypes asphyxiants, la discrimination, l’homophobie et la transphobie. Manifester est un droit fondamental, et nous devons soutenir les courageux participant·e·s à la Budapest Pride. » 

Complément d’information 

La marche des fiertés de Budapest est prévue pour le 28 juin et la campagne #LetPrideMarch démarre le 16 avril 2025 et sera mise en ligne ici à 00h01 TU. 

La nouvelle loi hostile aux marches des fiertés modifie la loi sur le droit de réunion, la loi sur les infractions mineures et la loi sur l’analyse de la reconnaissance faciale : ainsi, organiser des événements qui enfreignent la Loi hongroise relative à la propagande, interdisant la « représentation ou la promotion » de l’homosexualité et des diverses identités de genre auprès des moins de 18 ans, est un délit et le fait d’y participer est une infraction mineure. Les participant·e·s à la marche des fiertés, si elle est interdite, peuvent écoper d’une amende allant jusqu’à 200 000 florins hongrois (490 euros). 

Ce texte de loi a déclenché des manifestations en Hongrie qui durent depuis plus d’un mois. 

Dans un rapport publié en juillet 2024, Amnistie internationale a mis en évidence toute une série de tendances et de pratiques faites de restrictions et de violations du droit de manifester dans 21 pays, dont la Hongrie. 

La Hongrie fait partie des pays qui bafouent leurs obligations internationales et régionales en matière de droits humains, s’agissant de respecter, protéger et faciliter les rassemblements pacifiques, lever les obstacles et éviter les ingérences indues dans l’exercice des droits à la liberté de réunion et d’expression pacifiques.