• 15 Sep 2025
  • Bélarus
  • Communiqué de presse

Bélarus. Après sa libération, Mikalai Statkevich a été soumis à une disparition forcée après avoir refusé d’être exilé

Face au refus des autorités bélarussiennes de révéler ce qui est arrivé au politicien d’opposition Mikalai Statkevich, et où il se trouve depuis sa récente libération, Maria Guryeva, responsable du travail de campagne à Amnistie internationale, a déclaré : 

« L’absence persistante d’informations sur le sort réservé à Mikalai Statkevich et le lieu où il se trouve est extrêmement préoccupante. Personne ne l’a revu depuis qu’il a été conduit à la frontière avec la Lituanie, où il a refusé de s’exiler après avoir été libéré de prison. Cela fait craindre que les autorités bélarussiennes ne l’aient renvoyé derrière les barreaux. Il existe un terme clair et simple pour désigner cette situation : disparition forcée. Il faut que le lieu où se trouve Mikalai Statkevich soit immédiatement révélé, que sa sécurité soit garantie, et qu’il soit mis fin à sa détention prolongée. Il n’aurait jamais dû être emprisonné, ni être privé du droit de rester dans son pays. 

« La disparition forcée de Mikalai Statkevich après son refus de quitter son pays natal rappelle de manière effrayante à quel point la situation des droits humains au Bélarus est déplorable sous le régime d'Alexandre Loukachenko. Ne nous méprenons pas sur la récente libération de prisonniers : on ne peut pas dire que les autorités bélarussiennes rectifient les injustices ou font preuve de bonne volonté lorsqu’elles continuent de détenir arbitrairement des personnes pour les sanctionner parce qu’elles ont exprimé leur désaccord. 

« Les autorités bélarussiennes doivent cesser d’utiliser les personnes emprisonnées pour des raisons politiques comme monnaie d’échange sur la scène internationale. Elles doivent libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes emprisonnées pour avoir tenté d’exercer leurs droits humains. Et elles ne doivent forcer personne à l’exil. » 

Complément d’information 

Le 15 septembre, Nasha Niva, un média indépendant bélarussien en exil, a indiqué que Mikalai Statkevich, éminent homme politique de l’opposition et critique de longue date du gouvernement, avait été renvoyé dans la colonie pénitentiaire de Hlybokaye, le même établissement aux règles draconiennes où il purgeait une peine de 14 ans pour de fausses accusations d’« organisation de troubles de masse » il y a encore quelques jours. 

Mikalai Statkevich a été libéré le 11 septembre 2025 dans le cadre d’un accord politique prévoyant la libération de 52 prisonniers en échange de la levée de sanctions américaines contre Belavia, la compagnie aérienne nationale du Bélarus. Sur ces 52 personnes, des défenseur·e·s locaux des droits humains estiment que 40, dont Mikalai Statkevich, ont été poursuivies pour des motifs politiques. Les autorités bélarussiennes ont tenté d’expulser l’ensemble du groupe le lendemain, en les transportant jusqu’à la frontière lituanienne. Mikalai Statkevich a cependant refusé de quitter le Bélarus, déclarant : « Je continuerai à me battre ! », avant de s’échapper du bus à bord duquel il se trouvait avec d’autres anciens prisonniers, dans la zone neutre. Des images de vidéosurveillance le montrent se faire de nouveau arrêter par des hommes masqués venant du côté bélarussien. 

Les autorités n’ont donné aucune confirmation officielle quant à l’endroit où il se trouve. Selon les recherches effectuées par l’ONG Belarusian Investigative Centre, et sur la base d’informations fournies par le Centre des droits humains Viasna, entre le 21 juin 2025 – date de la première libération de prisonniers négociée par les États-Unis – et le 11 septembre, les autorités bélarussiennes ont relâché 53 personnes emprisonnées pour des motifs politiques (n’incluant pas Mikalai Statkevich), tandis que 103 autres ont été privées de liberté, également sur la base de considérations politiques. Le nombre total de victimes de poursuites judiciaires à caractère politique se trouvant actuellement dans les prisons du Bélarus s’élève à 1 160, selon Viasna.