• 15 juin 2025
  • Arabie saoudite
  • Communiqué de presse

L’Arabie saoudite doit agir maintenant pour protéger les employé·e·s domestiques, déclarent groupes de défense des droits humains et syndicats

Des intervenants sont disponibles.

À l’approche de la Journée internationale des travailleurs domestiques, le 16 juin, 12 organisations de la société civile et syndicats kenyans et internationaux ont appelé les autorités saoudiennes à prendre des mesures concrètes pour accorder aux employé·e·s de maison une protection égale dans le cadre du droit du travail et mettre fin à leur ségrégation de fait au sein de la société saoudienne.

Ces organisations sont alarmées par les conditions de travail éprouvantes, abusives et discriminatoires auxquelles les employé·e·s domestiques migrants continuent d’être soumis en Arabie Saoudite, et qui s’apparentent souvent à du travail forcé et à la traite d’êtres humains.

Dans une lettre adressée aux autorités saoudiennes, le groupe demande au gouvernement d’abolir totalement le système de la kafala, qui lie les travailleurs et travailleuses migrants à un employeur spécifique pendant toute la durée de leur séjour en Arabie saoudite, ce qui favorise l’exploitation et les abus. Ces organisations appellent également à garantir à tous les travailleurs et travailleuses migrants la liberté totale de changer d’emploi et de quitter le pays sans avoir à demander l’autorisation de leur employeur.

« Pour commencer et au minimum, les travailleuses et travailleurs domestiques doivent bénéficier d’une protection juridique au moins égale à celle de tous les autres travailleurs et travailleuses, en étant soumis au droit du travail du pays. Le gouvernement saoudien doit par ailleurs faire savoir très clairement que les abus ne seront plus tolérés, et contribuer à rééquilibrer la dynamique du pouvoir entre les employé·e·s domestiques et les personnes qui les emploient, en faisant appliquer des mesures strictes de contrôle et d’inspection, et en demandant des comptes aux responsables présumés de ces abus », souligne le groupe dans sa lettre. 

L’urgence de ces changements est sous-tendue par une mise en garde selon laquelle, faute de réformes globales et d’une mise en œuvre énergique, les abus commis envers des employé·e·s de maison marginalisés continueront à ne pas être signalés ni contrôlés, et leurs conditions de vie et de travail en Arabie saoudite resteront désastreuses.

Dans un rapport récent, Amnistie internationale a montré que des femmes kenyanes parties en Arabie saoudite pour y travailler comme employées de maison étaient soumises à des conditions de travail brutales, travaillant régulièrement plus de 16 heures, tous les jours, et empêchées de quitter la maison. Ces femmes étaient également confrontées à des conditions de vie épouvantables, à un racisme systématique et à des traitements inhumains, notamment des agressions sexuelles, verbales et physiques. Les employeurs confisquaient généralement leurs passeports et leurs téléphones, et retenaient parfois leurs salaires.

Alors que le monde commémore le 14e anniversaire de l’adoption de la Convention n° 189 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur les travailleuses et travailleurs domestiques, le 16 juin 2025, l’Arabie saoudite doit ratifier et mettre en œuvre cette loi reconnue au niveau international, ainsi que la Convention n° 190 de l’OIT sur la violence et le harcèlement, afin de garantir une protection complète des droits des employé·e·s domestiques. Sa réticence en la matière trahit un manque de considération sérieuse au sujet de l’exploitation des travailleuses et travailleurs domestiques migrants, a déclaré le collectif de groupes de défense des droits humains et de syndicats.

« En cette Journée internationale des travailleurs domestiques, nous sommes solidaires des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs domestiques migrants en Arabie saoudite qui continuent d’être victimes d'abus et d’exploitation, et qui ne bénéficient pas d’une véritable protection en vertu de la loi.

C’est pour nous une fierté d’élever la voix aux côtés de tous les groupes de défense des droits humains et de tous les syndicats qui se sont réunis pour publier cette lettre conjointe indiquant clairement que les autorités saoudiennes ne peuvent plus se cacher derrière leurs soi-disant réformes. Elles doivent tenir compte des appels de plus en plus nombreux lancés par la communauté internationale, démanteler leur système abusif, et offrir une véritable protection et rendre justice aux employé·e·s de maison, et ce dès maintenant », a déclaré Irũngũ Houghton, directeur général d’Amnistie internationale Kenya.

 Contexte

 Lisez le rapport d’Amnistie internationale sur la difficile situation des employées domestiques kényanes, cliquez ici et la lettre .