À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, les États des Amériques doivent respecter le droit de demander l’asile

En réaction aux mesures adoptées par les États des Amériques qui bafouent les droits fondamentaux des personnes en quête de sécurité, Ana Piquer, directrice du programme Amériques à Amnistie internationale, a déclaré :
« Alors que nous célébrons la Journée mondiale des réfugiés, nous assistons à une terrible érosion des droits des personnes en quête de sécurité et des protections en matière d'asile à travers les Amériques. Le gouvernement de Donald Trump a pris une avalanche de mesures qui ont interrompu le Programme d’admission de réfugié·e·s aux États-Unis et rendent presque impossible la demande d'asile aux États-Unis, mettant ainsi d'innombrables vies en danger. Conséquence de cette politique, des milliers de personnes ont déjà été renvoyées de force vers des lieux où leur vie ou leur sécurité est menacée. À l'heure actuelle, il n'est plus possible de demander l'asile à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Cette situation est illégale, mais aussi inhumaine et cruelle.
En outre, le gouvernement de Donald Trump a démantelé d'autres protections essentielles pour les personnes en quête de sécurité, notamment en retirant le statut de protection temporaire à certaines nationalités et en révoquant la liberté conditionnelle accordée pour raisons humanitaires à des ressortissants de Cuba, de Haïti, du Nicaragua et du Venezuela, ce qui va à l’encontre des informations selon lesquelles ces pays connaissent les pires crises des droits humains de la région. Parallèlement, les États-Unis intensifient les raids visant les migrant·e·s, arrêtent et séparent les familles, expulsent illégalement des personnes des États-Unis sans aucune garantie de procédure, et intentent des poursuites pénales pour entrée illégale dans le pays - traitant ceux qui ont besoin d'une protection internationale comme des criminels.
Ces politiques néfastes se répercutent dans toute la région. Le Costa Rica et le Panama ont accepté des renvois par avion de ressortissants de pays tiers depuis les États-Unis - la plupart avaient une demande d'asile en cours d’examen. Ils demeurent bloqués, disposant d’un accès limité à l'aide humanitaire et à la protection internationale. Le Salvador est complice de la disparition forcée de centaines de Vénézuélien·ne·s expulsés illégalement des États-Unis sous couvert de la Loi sur les ennemis étrangers (Alien Enemies Act) dans la tristement célèbre prison du CECOT (Centre de confinement du terrorisme). Ces individus faisaient l’objet d’une procédure judiciaire, ont été arrêtés alors qu'ils respectaient leurs obligations en matière d'immigration, bénéficiaient déjà de protections aux États-Unis, notamment en vertu de la Convention contre la torture, et ont été qualifiés de membres de gangs en raison de leurs tatouages ou de leur lien avec l'État vénézuélien d'Aragua, sans aucune autre preuve.
Aux termes de l’Entente sur les tiers pays sûrs conclue entre le Canada et les États-Unis, la plupart des personnes entrant au Canada via les États-Unis n’ont pas le droit de demander l’asile au Canada, et vice-versa. Cet accord les oblige à tenter des traversées dangereuses de la frontière et à se réfugier dans la clandestinité, afin de se mettre en sécurité, et se traduit par la détention de personnes et de familles aux États-Unis. Les États-Unis devenant de moins en moins sûrs pour les demandeurs·euses d’asile, le gouvernement canadien doit sans délai se retirer de cet accord.
La République dominicaine a mis en œuvre une série de mesures migratoires racistes, sans même reconnaître le droit de demander l'asile de ceux qui fuient la violence en Haïti, et en ciblant les personnes d'origine haïtienne. Les Haïtiens font l’objet d’expulsions collectives depuis la République dominicaine, alors que la crise humanitaire et sécuritaire ne cesse de s’aggraver en Haïti, ce qui fait courir des risques graves aux personnes renvoyées de force et est contraire au principe de non-refoulement.
Des personnes originaires du Venezuela, d'Haïti, de Cuba, du Nicaragua, de toute la région et d'ailleurs fuient des crises généralisées en matière de droits humains. Loin de trouver refuge et protection, ils se heurtent à l'hostilité, à des frontières militarisées et à la criminalisation. La politique en matière d'immigration et d'asile mise en œuvre par les États des Amériques s’appuie sur une rhétorique raciste et xénophobe qui déshumanise les personnes en quête de sécurité.
D’autant que le gouvernement américain a opéré des coupes sombres au niveau de l'aide étrangère, affaiblissant les refuges et les organisations de première ligne qui apportent un soutien vital à ceux qui cherchent à se mettre en sécurité ou sont déplacés à l'intérieur de leur propre pays. Du Costa Rica au Mexique en passant par la frontière entre Haïti et la République dominicaine, les organisations sont contraintes de réduire ou de fermer des programmes alimentaires, d'hébergement, juridiques et psychosociaux destinés aux personnes en quête de sécurité, lors même que les besoins augmentent.
À l'occasion de la Journée mondiale des réfugiés, Amnistie internationale demande instamment aux États des Amériques de protéger, et non de sanctionner, les personnes en quête de sécurité. Ils doivent rétablir l'accès à l'asile, annuler les politiques discriminatoires et respecter les obligations qui leur incombent en vertu du droit international. Nous sommes solidaires de ceux qui, dans toute la région, sont contraints de fuir leur foyer en quête de sécurité et de dignité. Chercher refuge est un droit fondamental. Il est temps que les gouvernements agissent en conséquence. »