• 7 juin 2021
  • Pakistan
  • Communiqué de presse

Pakistan | Les mesures relatives au climat doivent respecter les droits humains alors que le pays accueille la Journée mondiale de l'environnement

Les autorités du Pakistan doivent veiller à ce que les droits humains soient au coeur des nouveaux projets ambitieux destinés à atténuer les conséquences du changement climatique, a déclaré Amnistie internationale, alors que ce pays s’apprête à accueillir la Journée mondiale de l'environnement le 5 juin. 

Le Premier ministre Imran Khan présidera la conférence virtuelle de la Journée mondiale de l'environnement, qui rassemble des gouvernements, des entreprises et des citoyens et citoyennes du monde entier pour aborder des questions pressantes relatives à l'environnement. Une série de nouvelles mesures d'adaptation a été annoncée par les autorités ces dernières semaines, notamment la poursuite d'une campagne de plantation massive d'arbres (connue sous le nom de « tsunami de 10 milliards d'arbres »), la protection des zones humides, l'expansion de la couverture forestière des mangroves, une politique favorable aux véhicules électriques et l’émission d’« euro-obligations vertes » pour financer la construction de deux barrages.  

Le Pakistan devrait faire partie des pays les plus durement touchés par la hausse des températures au cours des prochaines décennies, et les récentes conclusions conjointes de la Banque asiatique de développement et de la Banque mondiale mettent en évidence un risque accru d'événements climatiques extrêmes et d'insécurité alimentaire dans le pays.  

« Il ne faut pas se leurrer : la crise climatique est aussi une crise des droits humains, que la population pakistanaise subit déjà au quotidien. Dès maintenant, nous constatons que le changement climatique affecte le droit à la vie, à l'eau, à l'alimentation, au logement, à la santé, à l'assainissement, à un niveau de vie décent et à des conditions de travail convenables », a déclaré Rimmel Mohydin, chargée de campagne pour l'Asie du Sud à Amnistie internationale. 

« Le Premier ministre Imran Khan a raison de faire de cette question une priorité absolue, mais il est indispensable que les mesures annoncées intègrent les droits humains comme principe directeur. À défaut, les droits de certaines des personnes les plus marginalisées au Pakistan, notamment les personnes travaillant à la journée, les peuples indigènes et les femmes en butte à des formes de discrimination croisées, risquent d'être remis en cause, les inégalités existantes étant encore renforcées. »

Les femmes victimes de discrimination, les personnes travaillant à la journée et les populations indigènes souffrent de manière disproportionnée du changement climatique en raison de leur manque d'accès aux ressources financières et techniques et de leur plus grande exposition aux éléments lorsqu'elles travaillent à l'extérieur. Les projets pakistanais d'atténuation du changement climatique doivent adopter une approche participative. Les autorités doivent prendre des initiatives pour veiller à ce que les femmes, les populations indigènes et les membres d'autres groupes marginalisés soient intégrés dans les processus décisionnels et reçoivent le soutien nécessaire pour y participer pleinement. 

Aux termes de l’Accord de Paris, les États parties devaient communiquer au plus tard le 31 décembre 2020 de nouveaux plans d’action, plus ambitieux, à l’horizon 2030 (contributions déterminées au niveau national, CDN), ainsi que leurs stratégies à long terme. Bien que la poursuite de la restauration des écosystèmes par le Pakistan soit louable, ce pays n'a toujours pas communiqué sa contribution. 

En janvier 2021, le Premier ministre Imran Khan a annoncé que le Pakistan ne construirait plus de centrales électriques au charbon. Il faut non seulement mettre en œuvre cette annonce sans compromis, mais aussi faciliter l'accès à l'énergie pour toutes les catégories de la population, en veillant à ce que les groupes déjà défavorisés ne perdent pas l'accès à l’électricité. 

La poursuite du soutien aux combustibles fossiles est incompatible avec la protection des droits humains, et il faut que le grand public soit mieux informé sur le moment où débutera l’abandon graduel de ces combustibles et sur les conséquences que cela aura pour la population.  

« Alors que le Pakistan entame le passage d’une économie dépendant des énergies fossiles vers une économie décarbonée et une société résiliente, il doit veiller à ce que la transition se fasse de manière équitable et contribue à renforcer les droits fondamentaux de tous et toutes, afin que cette transition soit réellement juste. » 

Complément d’information 

La Journée mondiale de l'environnement, que le Pakistan organise conjointement avec le Programme des Nations unies pour l'environnement, a lieu le 5 juin.