• 20 déc 2021
  • International
  • Communiqué de presse

COVID-19. Les programmes de vaccination à travers le monde doivent s’adapter pour toucher les personnes les plus marginalisées

Les programmes de vaccination contre la COVID-19 à travers le monde excluent les personnes issues de groupes marginalisés ou victimes de discriminations en ne prenant pas en compte leur situation particulière, leurs besoins et leurs vulnérabilités, a déclaré Amnistie internationale dans une déclaration publique publiée vendredi 17 décembre 2021. 

Les lacunes des programmes de vaccination, qui se caractérisent notamment par une collecte de données insuffisante ou absente, des informations publiques inadéquates, et une incapacité à répondre au manque de confiance dans les institutions de santé et à la désinformation, affectent de manière disproportionnée la possibilité pour certains groupes, notamment les femmes, les personnes LGBTI, les peuples autochtones et les minorités ethniques, d’accéder aux vaccins. Ces groupes sont également davantage touchés par les barrières logistiques et techniques à l’obtention du vaccin et par un manque de participation de la société civile à l’organisation et à la mise en œuvre des campagnes de vaccination. 

« À travers le monde, les gouvernements n’en font actuellement pas suffisamment pour veiller à ce que les programmes de vaccination touchent les membres les plus marginalisés de leur société. Des failles courantes se traduisent par le fait que les États n’ont pas une idée suffisamment précise de l’impact inégal de la pandémie de COVID-19 sur certains groupes, et que de nombreuses personnes ne reçoivent pas les informations ou le soutien dont elles ont besoin pour se faire vacciner », a déclaré Rina Kika, chercheuse à Amnistie internationale. 

« Avec la flambée du variant Omicron et la prévalence accrue des restrictions basées sur le statut vaccinal, il est impératif que les pays s’attaquent de toute urgence aux causes de la distribution inéquitable et discriminatoire des vaccins. » 

Les États qui collectent des données sur la COVID-19 et qui établissent des rapports en s’appuyant sur ces données ventilées par ethnicité ou par race ont fait état de taux d’infection et de décès plus élevés au sein des minorités ethniques ou raciales par rapport aux autres groupes. Cependant, seule une poignée de pays collectent ces données, qui sont pourtant cruciales pour répondre aux effets qui touchent certaines populations spécifiques de manière disproportionnée. 

Outre la collecte d’informations ventilées sur l’impact de la COVID-19, Amnistie internationale appelle les États à recueillir des données sur la couverture vaccinale, qui est actuellement bien trop faible dans la plupart des pays, afin de surveiller l’égalité d’accès aux vaccins et la mesure dans laquelle certains groupes en sont exclus. 

Les États sont tenus par le droit international à assurer un accès égalitaire et non-discriminatoire aux vaccins, ce qui dans le contexte de la pandémie de COVID-19 signifie que les États doivent veiller à ce que les vaccins soient non seulement disponibles en quantité suffisante, mais également à ce qu’ils soient accessibles à l’ensemble de la population. Ils doivent également s’assurer que les informations sur la COVID-19 et la manière de se procurer un vaccin soient disponibles dans des formats accessibles et compréhensibles par toutes les catégories de leur population. 

Alors que l’accès à Internet est inégalement distribué sur les territoires, de nombreux pays ont continué à publier en ligne la majorité des informations publiques sur la COVID-19, ce qui risque d’exclure de manière disproportionnée les femmes, les personnes âgées, les peuples autochtones, les pauvres et les personnes vivant dans des zones rurales, tandis que d’autres pays n’ont pas rendu les informations accessibles aux peuples autochtones. 

Le manque de données et des informations contradictoires de la part des autorités sanitaires sur l’innocuité de la vaccination contre la COVID-19 en cours de grossesse ont créé les conditions d’une diffusion de désinformation et de théories du complot, ainsi que de fausses affirmations sur l’impact du vaccin sur la fertilité. 

Le manque de confiance envers les institutions sanitaires de la part des groupes marginalisée, qui trouve sa source dans des inégalités structurelles, des discriminations bien ancrées et des violences de la part de professionnel·le·s de santé, a également une influence sur l’accès de ces groupes aux vaccins et sur leur choix de se faire vacciner. Dans de nombreux pays, les efforts de lutte contre la désinformation et le manque de confiance au moyen de campagnes de santé publique ciblées ont été insuffisants ou absents. 

Amnistie internationale appelle les États à veiller à ce que les informations de santé publique sur la pandémie de COVID-19 et les vaccins touchent tous les groupes sociaux, et à prendre des mesures pour répondre aux préoccupations et aux questions sur la sécurité des vaccins causées par la diffusion d’informations fausses ou trompeuses.