EMPÊCHEZ L’EXPULSION DE SALEH DIAB ET DE SA FAMILLE

Saleh Diab et sa famille risquent de subir un transfert illégal après que le tribunal de district israélien a rejeté leur recours contre l’expulsion de leur domicile, situé dans le quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est, en février 2025. Ce type d’expulsions forcées, menées par l’organisation de colons Nahalat Shimon, s’inscrivent dans une politique persistante de dépossession à Cheikh Jarrah. En mai, la Cour suprême d’Israël a accordé à la famille le droit de faire appel de cette décision, lui laissant une dernière chance d’échapper à un déplacement.
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Depuis la création d’Israël en 1948, les gouvernements successifs ont élaboré des lois, des politiques et des pratiques destinées à poursuivre la fragmentation de la population palestinienne et le traitement privilégié de la population juive israélienne au détriment des Palestiniens et Palestiniennes. Ces mesures visent à maintenir un système institutionnalisé de domination et d’oppression, qui s’apparente à un apartheid. Depuis qu’Israël a annexé illégalement Jérusalem-Est en 1967, ses autorités ont adopté une série de dispositions pour réduire le nombre d’habitant·e·s palestiniens dans la ville et pour créer et développer des colonies illégales, y compris en procédant à des spoliations de terres, à des révocations du droit de résidence et à des expulsions forcées. En vertu de la Loi de 1970 relative aux affaires juridiques et administratives, par exemple, les personnes juives israéliennes sont les seules à pouvoir revendiquer la propriété de terrains et de biens qui leur appartenaient selon ellesavant 1948. Aucun droit de ce type n’est accordé aux réfugié·e·s palestiniens et aux personnes déplacées qui ont été chassés de leurs terres et de leur domicile à la même époque. Ainsi, Saleh Diab n’est pas autorisé à revenir à la maison située à Jaffa, dans le quartier d’al Ajami, dont sa famille a été expulsée en 1948.
La famille étendue de Saleh Diab, composée de 23 personnes actuellement, est enlisée dans une bataille juridique contre son expulsion par des colons depuis plusieurs décennies. Les menaces à leur encontre se sont intensifiées depuis 2009. L’organisation de colons Nahalat Shimon International s’appuie sur la Loi de 1970 relative aux affaires juridiques et administratives pour demander leur expulsion.
Depuis 2009, Saleh Diab aide à organiser des manifestations pacifiques à Cheikh Jarrah, qui attirent des militant·e·s solidaires israéliens et internationaux. Ces manifestations ont bénéficié d’une large attention internationale en avril 2021, lorsque Saleh Diab et d’autres familles de Cheikh Jarrah ont appelé les Palestiniens et Palestiniennes à descendre dans les rues à Jérusalem et ailleurs pour faire entendre leur voix pour sauver ce quartier. À l’époque, Amnesty International a recueilli des informations faisant état d’arrestations arbitraires de manifestant·e·s pacifiques, d’un usage excessif de la force et d’un recours à des grenades assourdissantes et incapacitantes ainsi qu’à des canons à eau putride contre des manifestant·e·s et des habitations à Cheikh Jarrah. En signe de solidarité avec les habitant·e·s de Cheikh Jarrah, des milliers de Palestiniens et Palestiniennes ont organisé des manifestations en Israël et dans le Territoire palestinien occupé pour exprimer leur opposition aux déplacements, à la ségrégation et à la fragmentation qu’ils subissaient collectivement de manière générale. Les forces israéliennes ont répondu par un usage disproportionné et souvent meurtrier de la force, au cours duquel de nombreuses personnes ont été blessées, arrêtées et détenues.
Plusieurs familles palestiniennes de Cheikh Jarrah, notamment les al Daoudi, les Dajani, les Hammad, les al Kurd, les Qasim, les Skafi et les Jaouni, ont également reçu des ordonnances d’expulsion mais ont réussi à suspendre temporairement leur application grâce à des décisions de la Cour suprême. Ces décisions reconnaissaient leur statut d’occupants protégés dans l’attente de la détermination de la propriété des terrains dans le cadre de la reprise du processus d’enregistrement foncier des terres. Le cas de Saleh Diab a été traité différemment ; les tribunaux ont estimé que sa famille ne faisait pas partie de celles enregistrées par les autorités jordaniennes dans les années 1950 et qu’elle ne pouvait donc pas bénéficier de la même protection.
Au-delà des actions en justice, Saleh Diab s’est également engagé dans la résistance non violente et a été une figure centrale des manifestations hebdomadaires contre les expulsions menées par des colons à Cheikh Jarrah depuis 2009, jusqu’à leur arrêt en octobre 2023 en raison de la guerre à Gaza. Saleh Diab a indiqué à Amnesty International que sa famille et lui continuaient d’être harcelés violemment par des colons israéliens. Il a fait l’objet de brutalités policières, de violences de la part de colons soutenus par l’État et d’une surveillance incessante, mais sa mobilisation pour défendre son domicile et son quartier n’a jamais faibli.