Notre histoire

L'histoire d'Amnistie internationale est faite de combats, d’espoirs et de victoires. Découvrez comment notre mouvement est né, comment il s’est construit et renforcé grâce à ses militant·e·s et autour de valeurs communes.

1961 : LA NAISSANCE D’UN MOUVEMENT

En 1961, après avoir appris que deux étudiants portugais avaient été emprisonnés pour avoir porté un toast à la liberté en pleine dictature Salazar, l'avocat britannique Peter Benenson publie un article intitulé Les prisonniers oubliés dans les colonnes de l’hebdomadaire The Observer. Cet article, qui présente les cas de six personnes emprisonnées pour « dissidence »lance un appel à l’amnistie qui aura un retentissement considérable et qu sera repris dans de nombreux journaux à l'étranger.

Ouvrez votre journal n'importe quel jour de la semaine et vous trouverez venant de quelque part dans le monde une dépêche indiquant que quelqu'un a été emprisonné, torturé ou exécuté parce que ses opinions ou ses croyances religieuses ont été jugées inacceptables par son gouvernement. (...) Devant son journal, le lecteur ressent un sentiment d'écœurement et d'impuissance. Or, si ces sentiments de dégoût répandus dans le monde entier pouvaient être réunis en vue d'une action commune, quelque chose d'efficace pourrait être réalisé.

Peter Benenson (1961)

Cette campagne obtient un succès fulgurant : elle est reprise dans les médias à travers le monde et témoigne du fait que des personnes d’horizons différents peuvent s’unir pour, solidairement, défendre la justice et la liberté. C’est notre première victoire : Amnistie internationale est née.

La première rencontre internationale a lieu en juillet, avec des militants venus d'Allemagne, de Belgique, des États-Unis, de France, d'Irlande, du Royaume-Uni et de Suisse. Ils décident de fonder un « mouvement international permanent pour la défense de la liberté d'opinion et de religion ». Un petit bureau et une bibliothèque, gérés par des bénévoles, sont ouverts au cabinet de Peter Benenson à Londres. Lors de la Journée internationale des droits de l'Homme, le 10 décembre, une bougie est allumée dans l'église St Martin-in-the-Fields à Londres : elle deviendra le symbole de l’organisation. 

1977 : PRIX NOBEL DE LA PAIX

Amnistie internationale reçoit le prix Nobel de la paix en 1977 pour « avoir contribué à garantir les bases de la liberté et de la justice, et avoir ainsi contribué à la paix dans le monde ».

L’organisation travaille désormais sur de nombreux dossiers et a notamment lancé sa première campagne pour l’abolition de la torture en 1972, qui incitera les Nations Unies à adopter diverses résolutions condamnant ces traitements dans les années suivantes.  

On dénombre plus de 1590 groupes de bénévoles dans 33 pays, et plus de 70 000 membres répartis dans 65 pays et territoires sur tous les continents. Plusieurs centaines de prisonniers d’opinion sont libérés chaque année grâce aux efforts d’Amnistie internationale, qui publie régulièrement des rapports condamnant la répression politique et autres écarts relatifs aux droits humains sous différents régimes.  

1978 : NAISSANCE DE LA SECTION CANADA FRANCOPHONE

La présence d’Amnistie internationale au Canada remonte à 1973, douze ans après la création de l’organisation à Londres. Son siège est alors situé à Ottawa et l’on recense quelques groupes à travers le territoire, dont un groupe francophone à Montréal qui compte une dizaine de bénévoles à ses débuts. 

La section canadienne est cependant en grande majorité anglophone, une situation qui pose rapidement problème pour le développement d’Amnistie internationale dans les territoires francophones du Canada, notamment au Québec. L’ensemble de la documentation nécessaire au bon fonctionnement de l’organisation n’est disponible qu’en anglais, et leur traduction se fait alors par des bénévoles qui s’avèrent indispensables pour faire perdurer son action. De la même manière, les rencontres de l’exécutif national se font exclusivement en anglais, puisque 11 des 12 membres du comité canadien sont anglophones.  

Les membres et bénévoles d’Amnistie internationale présents au Québec vont alors travailler à faire reconnaître leur travail par l’exécutif d’Ottawa mais aussi par celui de Londres, dans l’optique d’obtenir un plus grand degré d’indépendance par rapport à la section nationale canadienne. Lors du lancement de la campagne mondiale contre la torture en 1977, les différents groupes présents au Québec récoltent ainsi plus de 60 000 signatures de pétitions. 

Un an plus tard, en 1978, la section canadienne francophone, entièrement indépendante de sa jumelle anglophone, voit ainsi le jour. Elle réussit très vite à mobiliser le grand public et compte dès 1982 plus de 7 000 membres, puis  18 000 membres en 1985. Au fil des années, la section francophone devient un acteur à part entière de la société et prendra notamment l’initiative de se prononcer en faveur de la défense des droits des personnes homosexuelles.

Depuis les années 2000, la section agit de plus en plus sur des problématiques internes au pays, comme par exemple sur les droits des peuples autochtones. 

Notre évolution

L’organisation publie en 1985 son premier dossier consacré à l’éducation aux droits humains, un mandat qui ne cessera de prendre de l’importance dans les décennies à venir. Le mouvement compte plus de 500 000 membres ou sympathisants répartis dans 150 pays et territoires. Amnistie internationale lutte contre les assassinats politiques, les « disparitions » ainsi que contre la peine de mort, pour laquelle elle a lancé une campagne internationale en 1980. À la naissance de l’organisation, seulement neuf pays en avait condamné l’usage, contre 142 États (plus des deux tiers) abolitionnistes en droit ou en pratique aujourd’hui. 

Avec la fin de la guerre froide et les changements politiques et sociétaux qui en découlent, Amnistie internationale va connaître de grands bouleversements au cours de la décennie 1990. Celle-ci va d’abord élargir ses mandats aux exactions commises par des groupes d'opposition armés, aux prises d'otages ainsi qu'aux personnes incarcérées en raison de leur orientation sexuelle. Suite à la chute des régimes socialistes en Europe de l’Est, plus de 40 nouveaux groupes seront créés dans la région, totalisant désormais plus de 6 000 groupes et plus d’un million de membres à travers le monde. Amnistie internationale lance en 1993 une campagne pour la mise en place d’un Cour pénale internationale (CPI) pour traduire en justice les responsables présumés de génocides et de crimes de guerre, qui finit par être créée en 2002. 

Amnistie internationale devient la plus grande organisation de défense des droits humains indépendante en 2005, avec plus de deux millions de membres sur la planète et encore davantage de sympathisants. La même année, le fondateur de l’organisation Peter Benenson décède à l’âge de 83 ans, laissant derrière lui un mouvement international agissant presque partout dans le monde. Amnistie internationale met de l’avant des problématiques auparavant peu présentes dans le débat public, comme celle des droits des peuples autochtones, des droits des réfugiés, ou encore celle des droits économiques, sociaux et culturels qu’elle inclut désormais dans ses statuts. 

Amnistie internationale célèbre en 2011 ses 50 ans d’existence en portant un « toast à la liberté » en l’honneur de son événement fondateur. Le mouvement compte alors plus de 3 millions de membres et ne cesse de s’adapter aux nouveaux enjeux rencontrés sur la planète. Parmi eux, la protection des droits humains sur Internet devient notamment un dossier traité par l’organisation, au niveau de la liberté d’expression mais aussi de la protection de la vie privée. La responsabilité des entreprises devient elle aussi un enjeu majeur à une époque où les multinationales gagnent en importance, comme avec Shell qui sera à de multiples reprises condamnée par Amnistie internationale pour pollution systémique dans le delta du Niger. 

AUJOURD’HUI

Après près de 60 années de succès historiques, Amnistie internationale s'est transformée en profondeur afin de s'adapter aux mutations spectaculaires de notre monde. Nous avons commencé par demander la libération des prisonniers politiques, et avons maintenant élargi notre action à la défense de tous les droits humains. Nous œuvrons à la protection et à l’autonomisation des personnes : de l’abolition de la peine de mort à la protection des droits sexuels et reproductifs, du combat contre les discriminations à la défense des droits des personnes migrantes et réfugiées. Nous agissons au nom de toute personne dont la liberté et la dignité sont menacées.